Bernard Huet est né à Quinhon (Viet Nam) le 14 janvier 1932 et décédé à Paris le 9 septembre 2001.
Après des études d'architecture à l'ENSBA, il suit pendant deux ans à Philadelphie l'enseignement de Louis Kahn. De retour en France, il participe à la contestation du système académique de l'Ecole des beaux-arts (création en 1966 d'un atelier collégial marginal de l'Ecole); il assume après 1968 un rôle de chef de file dans la réforme de l'enseignement de l'architecture.
Fondateur de l'école d'architecture de Paris-Belleville (UP8), où il enseigne, Bernard Huet est aussi professeur invité dans les universités de Pennsylvanie et de Yale aux Etats-Unis, à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, à l'Institut universitaire d'architecture de Venise, à Louvain.
Très impliqué dans le débat et très critique, il devient, de 1974 à 1977, rédacteur en chef de L'Architecture d'aujourd'hui.
S'intéressant aussi à la recherche, il participe à la fondation de l'IPRAUS (Institut parisien de recherche en architecture, urbanistique et société), unité de recherche associée au CNRS qu'il dirige jusqu'en 1990.
Dans sa pratique d'architecte urbaniste (agence Ville et architecture à partir de 1982), il élabore quelques projets importants pour l'urbanisme des années 1980: à Paris, la place Stalingrad (1989), le réaménagement des Champs-Élysées (1990-1994), des interventions au parc de Bercy; à Brest, la place de la Liberté. En tant qu'architecte, il aménage le centre d'art et de culture La Ferme du Buisson à Noisiel, réaménage le Collège de France, édifie des logements à Burano près de Venise. Il est l'architecte en chef de la ZAC Cathédrale, à Amiens, et architecte conseil de la ville de Lyon en 1998-1999.
A l'opposé du Mouvement moderne qui réduit la cité à une addition de fonctions (la 'ville fonctionnelle'), Bernard Huet est le promoteur d'une architecture et d'un urbanisme s'inscrivant dans une continuité historique. Pour autant, ses restaurations ne sont pas un retour au passé, mais un apport nouveau à l'existant, fait pour durer, non pour produire un «événement».
Bernard Huet décrit l'art urbain comme l'art d'«accommoder les restes», de recoudre des fragments hétérogènes pour reconstituer une logique de continuité. Il combat le formalisme de l'objet architectural pour renouveler la pensée sur la ville, l'espace public et l'architecture urbaine.
Lauréat du Grand Prix de l'Urbanisme en 1993, de la médaille de l'urbanisme de l'Académie d'architecture en 1995, Bernard Huet déclarait: «Il faut tourner le dos aux grands gestes spectaculaires, refuser l'abstraction, la déréalisation de l'architecture.»
(sources: discours d'hommage de Catherine Tasca à Bernard Huet dans www.culture.gouv.fr; note de Pierre Mabire dans www.parisbalades.com; nécrologie dans Bâtiactu).